One Dark Throne, de Kendare Blake

Je vous avais laissés l’année dernière avec ma critique du premier tome de cette excellente saga. J’avais malgré tout quelques nuances qui persistent encore aujourd’hui. En effet, si l’univers est intéressant et s’étoffe avec ce nouveau tome, il y a encore quelques faiblesses de développement.

Synopsis

L’affrontement pour la couronne a débuté et les événements inoubliables de la Révélation ont laissé leur marque dans l’esprit des trois sœurs. Katharine, autrefois cette faible et frêle reine, est devenue étonnamment forte. Arsinoé a découvert un secret lié à son don qui pourrait la mener à son salut ou à sa perte. Enfin, la puissante Mirabella, pensant qu’Arsinoé l’a trahie, est fin prête à en découdre.
En pleine année de l’Ascension, les triplées vont devoir faire face à des attaques qui les pousseront à remettre leurs destins et leur progression vers le trône en question. Leurs amis tout comme leurs ennemis leur forcent la main, les menant à une issue bouleversante qui changera à jamais tous les protagonistes impliqués.

Mon avis [avec spoilers]

Comme tout bon best-seller, ce tome est un véritable page-turner. Comme le premier, je l’ai englouti très rapidement.

L’histoire continue d’avancer mais malheureusement avec une certaine lenteur : comme on suit trois protagonistes avec chacune leur arc, on a une impression de stagnation lorsqu’en tournant les pages on se retrouve juste avec trois versions du même évènement.

Les questions que je me posais avec le premier tome n’ont pas vraiment trouvé de réponse : pourquoi ce mode de succession ? « C’est la tradition » n’est pas vraiment une réponse valide. Pourquoi la Déesse impose une telle cruauté à ses souveraines ? Pourquoi la souveraine doit-elle quitter l’île après avoir donné naissance à la nouvelle fournée de triplées ? A quoi bon survivre puisque le destin de la reine est de régner un peu puis se faire arracher ses enfants puis exiler…? Quel est l’intérêt, que ce soit pour les gens ou pour la Déesse d’un tel mode de fonctionnement ?

Et puis parlons des Empoisonneurs. Les protagonistes semblent s’étonner que les reines empoisonneuses soient les plus nombreuses, mais sans blague en fait ? Elles ont un avantage considérable : elles sont immunes au poison et ont tout à fait le droit d’envoyer des cadeaux empoisonnés à leurs sœurs qui elles n’ont aucune résistance. Forcément dans ces moments-là il suffit de quelques relations pour faire parvenir de la nourriture ou des vêtements empoisonnés et c’est fini. A la rigueur une naturaliste peut connaître des baies empoisonnées mais ça ne l’aidera pas contre une empoisonneuse, et l’élémentaire ne peut pas faire grand chose à distance. Il suffit à l’empoisonneuse de rester tranquille dans son coin et d’empoisonner les autres pour gagner, là où les deux autres ont besoin d’affrontements directs pour avoir une chance. Les chances des reines sont inégales. Et on l’a bien vu dans le tome précédent avec les chocolats empoisonnés, et dans ce tome avec la robe… si les cadeaux avaient atteint leur cible c’était fini.

L’avantage de ce tome, c’est qu’Arsinoé et Mirabella se développent vraiment. Katharine avait eu droit à son développement dans le premier tome au détriment des deux sœurs, mais dans celui-ci, même si Katharine reste le centre de l’attention, on la sent différente et folle là où ses sœurs essaient de comprendre et de rester proches de leurs valeurs.

Cependant, l’ensemble reste plus fade que le premier tome. On aime cette ambiance sombre et cet univers particulier, mais l’autrice retient trop d’informations pour garder le suspense et ça nuit à son histoire qui du coup avance trop lentement. Il y a aussi parfois un peu trop d’arcs secondaires qui pourraient être remplacés par des informations sur l’histoire du continent… et des personnages qui manquent parfois de profondeur, surtout chez les personnages masculins.

Le troisième tome semble plus prometteur en termes de développement, mais je pensais aussi cela à la fin du premier, donc c’est à voir. L’univers Three Dark Crowns a quelque chose d’envoûtant mais mériterait vraiment d’être plus détaillé.

Souveraines, de Laura Sebastian

En ce moment, même si je manque cruellement de temps pour lire et encore plus pour chroniquer le peu de lectures que j’achève, ce petit blog littéraire n’est pas mort. Je continue de lire les quelques commentaires qui pour la plupart proviennent de Babelio et les personnes qui me suivent !

Synopsis :

Depuis leur naissance, l’impératrice Margaraux façonne ses filles. Eduquées dans l’art du mensonge, de la séduction et de la manipulation, Sophronia, Daphné et Beatriz sont des armes qui n’ont qu’un objectif : pousser les royaumes de Temarin, Friv et Cellaria à la guerre pour que leur mère puisse devenir souveraine du continent. Envoyées en territoire hostile pour épouser les héritiers des monarchies voisines, les trois soeurs vont prendre des chemins différents pour tenter de survivre. Et tracer leur propre destinée.

Mon avis :

J’ai été attirée par ce titre plus par sa couverture qu’autre chose, car le synopsis laissait présager quelque chose de plutôt classique en littérature : des enfants que les parents ont façonnés mais qui choisissent une autre voie, allant parfois jusqu’à la rébellion.

Cependant, le classique n’a pas forcément que du mauvais, et l’ambiance fantasy particulière, entourant les filles et leur destinée rend la chose bien plus intéressante qu’il n’y paraît.

Les triplées, Sophronia, Daphné et Beatriz sont nées et ont été éduquées dans un but bien précis : mener les royaumes de leurs époux à la ruine pour que leur mère puisse les conquérir facilement. Si on se doute bien que la mère, vu son comportement et ses choix éducatifs, a un autre plan derrière la tête, on constate bien vite que les filles n’y ont pas vraiment réfléchi, et n’ont même pas réfléchi à « l’après-conquête » ou à ses conséquences. Elles étaient juste dans l’idée de faire leur devoir puis se retrouver.

On pourrait croire qu’elles n’ont pas vraiment de personnalités affirmées avant d’être envoyées en mission : c’est un peu le cas, d’ailleurs. Si elles ont chacune montré quelques traits de caractère et quelques affinités ou non avec certaines matières lorsqu’elles apprenaient leur rôle, toute leur vie a toujours tourné autour de leur mission.

Ce n’est que lorsqu’elles se retrouvent sur le terrain, dans la réalité de la vie -leur vie- que leur personnalité et leur ingéniosité ressort. Je trouve que c’est Sophronia qui s’en sort le mieux dans la compréhension du plan de leur mère et de ses implications pour le peuple. Beatriz évolue aussi, dans une moindre mesure, mais c’est surtout parce qu’elle n’a pas eu le choix car son plus grand talent s’est révélé inutile dans son pays d’accueil. Néanmoins je pense que c’est elle qui a le plus de chances de s’en sortir de par son pouvoir. Daphné, elle, est celle qui est le plus sous la coupe de sa mère et ne connaît que très peu d’évolution. Ce n’est qu’au dernier chapitre, via les yeux de sa mère, que l’on se rend compte de ce qu’elle a accompli sans vraiment le vouloir.

Et leur mère, Margaraux, parlons-en ! Son point de vue est montré dans le tout dernier chapitre, et je vous avoue que je ne m’attendais pas à ça. Je m’attendais à ce que ses filles ne soient que des outils, oui, mais pas à ce point ! D’ailleurs, telle mère telles filles, dirait-on, parce qu’il semble que vu son plan elle n’a pas vraiment réfléchi à ce qui se passera après sa mort, si du moins elle en a quelque chose à faire. Margaraux est très -trop- ambitieuse et sans pitié, un peu cet archétype de méchante dont l’ambition est le leitmotiv et qui se moque bien du reste.

Souveraines comprend quelques facilités scénaristiques et quelques petites incohérences (je suis étonnée qu’avec une telle magie et l’ambition du genre humain, il y ait encore des étoiles dans le ciel), mais l’histoire accroche vraiment, l’évolution des personnages est plutôt bonne et ça donne envie de connaître la suite (dommage, c’est pour 2023 !). J’ai eu un petit coup de cœur pour ce premier tome et je remercie mon goût en matière de couverture pour m’avoir guidée vers cette petite pépite !

Une petite mention spéciale pour Sophronia que je trouvais trop naïve au début mais dont la combativité en a finalement fait mon personnage préféré !

L’Empire d’Ecume tome 1 – La fille aux éclats d’os, d’Andrea Stewart

Je suis tombée sur ce titre un peu par hasard, en lisant une publicité pour précommander le livre et obtenir quelques goodies avec, dont un carnet que j’ai trouvé très joli. Assez pour précommander, donc.

Et une chose est sûre, je ne regrette pas du tout mon choix car La fille aux éclats d’os est un coup de cœur dévoré en deux jours !

Synopsis :

Dans un empire contrôlé par la magie d’os, Lin, la fille de l’empereur, va devoir lutter pour réclamer son droit au trône.

Sur toutes les îles de l’Empire, on prélève sur chaque enfant un éclat d’os derrière l’oreille, lors d’un rituel trop souvent mortel. Depuis son palais, l’empereur utilise ces précieux fragments pour créer et contrôler de redoutables chimères animales, les concepts, qui font régner la loi. Mais son autorité vacille et partout la révolte gronde.
Sa fille, Lin, a été privée de ses souvenirs par une étrange maladie et passe ses journées dans l’immense palais plein de portes closes et de noirs secrets. Pour regagner l’estime de son père, elle décide de se lancer dans le périlleux apprentissage de la magie d’os.
Une magie qui a un prix… alors que la révolution vient frapper aux portes du palais, Lin devra décider jusqu’où elle peut aller pour reconquérir son héritage… et sauver son peuple.

Mon avis :

Le livre est divisé en plusieurs points de vue, chacun appartenant à un personnage. Au début je trouvais qu’ils étaient un peu trop nombreux, mais leurs intrigues respectives aident à prendre en main l’univers et à mieux comprendre ce qui s’y passe, notamment les implications de la magie d’os, mais aussi en quoi l’Histoire, celle avec un grand H, est importante et permet de justifier le rite barbare du prélèvement d’éclat d’os.

J’ai vraiment apprécié la complexité des personnages, qui bien que nombreux voient leur personnalité développée, avec chacun un passé et des révélations sur ce qu’ils sont, sur leur avenir. J’ai moins accroché à l’intrigue de Sable qu’à celle des autres, mais c’est plutôt normal dans la mesure où son « cliffhanger » est son identité en soi et ce que ça va impliquer pour les autres.

Je suis vraiment curieuse d’en savoir plus sur les Alanga, peuple qui appartient à l’Histoire mais qui pourtant font planer l’ombre de leur menace tout du long du roman, en plus de l’intrigue principale. Qui sont-ils ? Comment ont-ils été vaincus ? Que signifie le réveil de leurs reliques ? Et surtout, comment obtenir la réponse à ces questions puisque les personnes qui savaient sont mortes ?

La magie et ce qui tourne autour est également très bien dosée, elle n’est pas inhérente à l’univers et présente en tous, mais est plutôt jalousement gardée par la famille régnante et son utilisation a un prix très élevé, sans parler de la complexité de son apprentissage.

Ce qui rend ce roman vraiment bon, c’est qu’il a un background très riche, très développé, et pourtant encore très mystérieux. On sait plein de choses, c’est immersif, et pourtant en refermant le livre on a encore plus de questions, on s’aperçoit qu’en fait on a juste gratté la surface et que nos héros ne sont pas prêts pour ce qui arrive.

Cependant, le roman n’est pas non plus une perle d’originalité et certaines révélations sont très prévisibles. Mais j’ai quand même été surprise par moments et en toute franchise, c’est rare d’arriver à me surprendre avec du young-adult. Le rythme de l’histoire et la distillation des découvertes font que l’on ne s’arrête pas, malgré l’absence de surprise, parce qu’on VEUT en savoir plus.

On notera aussi que les personnages ne sont pas manichéens comme peuvent l’être beaucoup de héros de young-adult ou même de fantasy : ils se situent plus dans le gris, ce ne sont pas des saints, mais pas des méchants non plus.

En tous cas ma curiosité est éveillée et j’attends avec impatience la suite, en espérant qu’elle soit à la hauteur de mon impatience !

Les contes du Magatama : La fille de l’eau, de Noriko Ogiwara

Même si les auteurs français sont capables de sortir de belles pépites de fantasy, je cherchais depuis quelques temps à lire de la fantasy japonaise. Le folklore japonais est riche et prompt aux bonnes histoires. Au fil des forums, je suis tombée sur ce titre, La fille de l’eau, mais il n’est plus édité depuis longtemps. J’avais laissé des alertes sur les sites d’occasion comme Vinted ou Recyclivre, sans grand espoir et puis… Vinted a fait son office et j’ai réussi à le dénicher pour seulement 6 euros ! Non parce que les revendeurs d’occasion sur les gros sites se font plaisir… bref. Est-ce qu’il vaut le coup ?

Synopsis :

Voici d’innombrables générations que le dieu de la lumière et la déesse des ténèbres s’affrontent dans une guerre impitoyable.
Mais Saya n’a que quinze ans ; pour elle, cette guerre lointaine est sans grande importance. Jusqu’au jour où elle apprend qu’elle est la réincarnation de la fille de l’eau, la princesse du peuple des ténèbres. Tandis que le prince de la lumière lui offre de l’épouser, son peuple l’exhorte à le rejoindre afin de le sauver.
Saya, éduquée dans l’amour de la lumière et la haine des ténèbres, peut-elle accepter un tel héritage? Lumière et ténèbres cherchent à s’attirer sa loyauté, car elle est la seule capable d’éveiller la légendaire épée du dragon, une arme terrifiante censée mettre fin à cette guerre millénaire.
Parviendra-t-elle à faire le bon choix ou connaîtra-t-elle un sort funeste, comme toutes les filles de l’eau qui l’ont précédée ?

Mon avis :

Quand on voit le résumé, on se dit que c’est une histoire de fantasy bateau, vue et revue. Le bien contre le mal, l’élue qui est la réincarnation d’une princesse ou d’une divinité, bon, on connaît. Pas besoin d’aller chercher chez les auteurs japonais pour en trouver.

Et pourtant… pas tant que ça. Je ne vais pas vous mentir, il y a bel et bien du classique, mais l’auteure parvient à rendre l’histoire accrocheuse, et se rit de nos à priori pour rendre l’histoire plus nuancée, plus grise. Ce n’est pas vraiment un combat du bien contre le mal, mais un combat pour la vie, pour la liberté, pour ne plus être des pions dans les mains des dieux.

On ne peut détester les principaux opposants à l’héroïne car ils ont leurs failles, leurs doutes, et leurs actions sont dictées à la fois par l’admiration et la peur de leur père qui reste un dieu, bien au dessus des hommes. Ils pensent, en fait, bien faire.

L’histoire se raconte à un rythme doux, comme une rivière qui coule tranquillement, et pourtant il se dévore comme un page-turner. On veut savoir, on veut découvrir ce qui se trame avec l’héroïne, pourquoi tout le monde semble connaître son passé et son futur sauf elle.

Le roman a malgré tout des points décevants, comme la passivité de l’héroïne : on pense que c’est une élue, et c’est le cas, mais son pouvoir se révèle anecdotique et c’est un personnage masculin qui récupère le pouvoir badass. L’auteure a essayé de faire passer ça comme un pouvoir partagé, l’un a besoin de l’autre, mais à la finale non puisque l’homme parvient à le déclencher sans la femme.

J’ai trouvé la petite romance qui apparaît sur la fin assez étrange, voir malsaine, car on nous répète tout du long du roman que le personnage masculin est limite retardé à cause de son passé enfermé, qu’il est comme un jeune enfant, et à la fin on nous sort un mariage du chapeau… le gars ne sait même pas ce qu’est un mariage et ce que ça implique ! Et pourtant les gens persistent à le marier…? On dirait un peu comme le mariage de Chichi et Goku dans Dragon Ball, Goku s’engage sans savoir ce qu’est un mariage (il pensait que c’était de la bouffe) et Chichi débarque plusieurs années plus tard et le force à tenir sa promesse… sachant que Goku est innocent comme un enfant…!

Si je devais définir ce roman, je dirais qu’il est bon, mais pas exceptionnel. C’est sympa pour les amateurs de fantasy japonaise ou de folklore japonais, mais pour les férus de fantasy vous trouverez bien mieux.

4 romans Young Adult

Cette année, je m’étais dit que je me forcerais un peu à élargir mes horizons littéraires. Car oui, j’ai beau aimer les romans historiques et le fantastique, les autres genres ont eux aussi beaucoup à offrir.

Le fait est que je n’arrive pas à m’empêcher de revenir vers le fantastique et le Young Adult, et donc c’est avec les quatre romans suivants que je termine l’année sur ce blog !

1. Grace and Fury de Tracy Banghart 

Résumé :

Toute sa vie, Serina a été formée pour devenir Grâce : une femme choisie pour son élégance, sa beauté, et pour se tenir aux côtés du roi. Cette année, c’est le prince héritier, Malachi, qui va choisir sa compagne. Serina se rend donc dans la capitale de Viridia accompagnée par sa sœur, Nomi, qui deviendra sa servante. La première y voit l’opportunité de sauver sa famille de la pauvreté ; la seconde n’y reconnaît qu’un exemple de plus de l’oppression des femmes.

Contre toute attente, c’est Nomi qui est choisie pour devenir Grâce. Mais elle cache aussi un lourd secret : elle sait lire, une activité interdite aux femmes de ce pays. Lorsque les deux sœurs sont surprises en possession d’un ouvrage que Nomi a volé dans la bibliothèque royale, Serina se dénonce aussitôt comme coupable. Elle est alors envoyée sur le mont aux Ruines : une île devenue prison pour femmes.

Si elle veut survivre, Serina devra s’endurcir. De son côté, Nomi la rebelle devra faire semblant de se soumettre aux règles du palais afin de gagner l’influence nécessaire pour délivrer sa sœur.

C’est un livre, caché dans les affaires de Nomi, qui lui fait entrevoir la vérité. Et si Viridia avait autrefois été dirigée par des femmes ? Si la personne qui lui avait laissé le livre était un allié ? 

Alors à première vue, c’est un grand classique avec deux héroïnes aux rôles inversés, qui se retrouvent à vivre des aventures qui auraient mieux convenu à l’autre. Mais bon, on ne fait pas évoluer quelqu’un en le laissant dans son élément.

Grace and Fury est une de ces nombreuses dystopies qui nous font entrevoir un monde très sombre pour les femmes. J’avoue cependant que dans ce monde-là, c’est quand même pire que sombre. Les femmes n’ont aucun droit, pas même celui de lire. Elles sont juste là pour faire des enfants.

Il est difficile, au début, de s’attacher à Serina qui n’est que le pur produit de son monde, une jeune femme docile et soumise, qui s’est persuadée que son destin de jolie petite chose que l’on expose et qui pond des gosses est son rêve. Cependant, ses malheurs vont la faire évoluer au point de la rendre bien plus intéressante que sa rebelle de sœur Nomi qui se révèle bien naïve et peu dégourdie.

L’auteur a su écrire une histoire qui bien que classique, avec des retournements de situation attendus, arrive à captiver et on tourne les pages sans s’en rendre compte. C’est fluide, c’est bien écrit et c’est malgré tout intéressant. Ce n’est pas LE roman de l’année mais c’est loin d’être le pire.

Semblables, de Julie Jodts 

Résumé :

À toi, l’aîné,
Guerrier, courageux et vaillant
Fier protecteur de la cité
Et de ses enfants

Que les Dieux
Soient miséricordieux
Et t’accordent la paix
Celle que tu ne trouveras sans doute jamais

À toi, le cadet,
À l’amour pur et sincère
Seul à pouvoir enfanter
Tu deviendras père ou mère

Que les Dieux
Soient miséricordieux
Et t’accordent la fertilité
Car sans elle, tu es condamné

À toi, le benjamin,
Dévoué et polyvalent
Savant, artisan, ou médecin
Ta famille sera la cité dorénavant

Que les Dieux
Soient miséricordieux
Et t’accordent la compassion
Puisses-tu exercer le métier choisi avec passion

Que les Dieux protègent et guident,
Tous ces enfants au destin scellé
Car entre leurs mains frêles et timides
Se joue l’avenir du monde entier. 

J’annonce la couleur d’entrée de jeu, en Young Adult, c’est mon coup de cœur de l’année.

Vous n’avez pas forcément tout compris au résumé, c’est en réalité la manière dont fonctionne le monde de Semblables. Le destin des enfants est tracé dès leur naissance : l’aîné devient soldat, le second fondera une famille, et le ou les suivants seront au service de la cité. Qu’il s’agisse de filles ou de garçons. C’est comme ça, et pas autrement, on ne transgresse pas les règles.

Pourtant, c’est ce que va faire notre héroïne, à la mort de sa sœur aînée et jumelle, qui était soldat. Au lieu de fonder une famille comme elle le devrait, elle décide de se faire passer pour sa sœur afin d’éviter à sa cadette, encore très jeune, d’aller au front. Une sorte de Mulan, qui va fournir une force de caractère qu’on n’oserait pas soupçonner pour une jeune femme qui n’a jamais eu à s’entraîner de sa vie et qui n’a jamais songé à remettre en question les règles de la cité.

Petit à petit, on en apprend sur le monde dans lequel évolue l’héroïne, Mia, qui se fait passer pour sa sœur jumelle Léna. Les informations sont distillées au compte-goutte mais nous tiennent en haleine, jusqu’au twist final qui nous arrive en pleine tronche avec la subtilité d’un parpaing et nous laisse pantois. On va devoir attendre si longtemps pour avoir la suite ? Apparemment oui. Et vous savez quoi ? Eh bien cocorico ! Ce petit bijou a été écrit par une française ! Nous aussi nous sommes capables d’écrire des bijoux de littérature fantasy ! 

Destiny de Cecelia Ahern 

Résumé :

Parfois, il faut choisir l’imperfection pour être Parfait.

Dans le monde de Celestine North, chaque citoyen doit être Parfait. Quiconque commet la moindre erreur se voit marqué du sceau de l’Imperfection.

Pour qui a pris une mauvaise décision : c’est sur la tempe.
Pour qui a menti : la langue.
Pour qui a commis un vol : la paume de la main droite.
Pour qui s’est montré déloyal : le cœur.
Pour qui s’est écarté du droit chemin : la plante du pied droit.

Celestine mène une vie parfaite au sein d’une famille parfaite et au bras du petit ami parfait. Elle pense incarner l’idéal de la société.

Et si Celestine s’était trompée ? Si c’était le système lui-même qui était Imparfait ? 

Alors Destiny, c’est un des romans dont j’attendais le plus, qui me tentait vraiment… et qui est retombé comme un soufflé au fil des pages.

Pourtant, l’idée de base était bonne, mais l’héroïne… n’a, je trouve, aucune crédibilité. On parle d’une personne qui toute sa vie a vécu dans le giron du système et qui s’y complaisait, ne remettant rien en question… et qui d’un coup réalise qu’elle se trompe et devient une thug juste parce que quelqu’un qu’elle connaissait a été victime de ce système.

Dans la vraie vie, le processus de remise en question est beaucoup plus long, du moins quand il survient. La plupart du temps, les gens comme Celestine, bien à l’aise dans le système, se fichent complètement de ce qui peut bien arriver : si une de leurs connaissances se fait prendre, c’est qu’elle l’a cherché. Et même si au fond d’eux, ils pensent que c’est injuste, ils se gardent bien de le dire afin de conserver leurs privilèges.

Mais NON, ils ne remettent pas tout le système en question en quelques heures. Déjà ça, c’est difficile à avaler, mais en plus, je trouve que Celestine manque vraiment de jugeote et de personnalité, encore plus pour une fille qui nous est présentée comme intelligente et rationnelle. Et je ne parle même pas de certains personnages secondaires qui m’ont fait facepalm tant ils étaient peu crédibles…

Bref, pour moi Destiny a été une grosse déception. Un roman aura beau avoir un univers intéressant, si les personnages ne savent pas se démarquer, il sera mauvais.

Au service de Sa Majesté la Mort, de Julien Hervieux

Résumé :

Londres, 1887. Prise dans le carcan de la société victorienne, Elizabeth, jeune journaliste indépendante, n’a d’autre choix pour exercer son métier que de passer un accord avec un journaliste qui lui sert de nom de plume. Un accord funeste : quand ce dernier est assassiné sous ses yeux, Elizabeth, devenue gênante, est sommairement abattue…
… pour se réveiller dans sa propre tombe.

Commence alors pour elle une toute nouvelle « existence ». Sous la surveillance d’un étrange chaperon, Elizabeth rejoint, à son corps défendant, les rangs des Revenants, des morts-vivants chargés de traquer ceux qui tentent de repousser la venue de leur dernière heure.
Elle œuvre désormais pour le compte de Sa Majesté la Mort elle-même, une activité bien loin du repos éternel… 

(Cocorico, encore un roman français !)

Le résumé de ce roman m’avait bien emballée et j’avoue qu’il a été plutôt agréable à lire, même si je m’interroge encore sur certains aspects après une deuxième lecture.

En effet, on nous dit que les Revenants doivent faire preuve de discrétion, ce qui est logique, mais… Elizabeth est affectée dans sa propre ville. Où le risque de la reconnaître est très élevé, donc. Si les Revenants doivent être si discrets, pourquoi ne pas l’affecter ailleurs en Grande-Bretagne…? Être affecté dans sa propre ville a ses avantages mais aussi de gros inconvénients, du coup… Je vous avoue que j’ai été un peu étonnée par ce détail.

Cependant, en dehors de ça, le roman est vraiment très bon. L’histoire est prenante, l’idée intéressante et l’auteur arrive à développer son personnage principal comme ses personnages secondaires, tout en enrichissant son monde alternatif de tout plein de petits détails qui ont leur importance. Et puis Elizabeth est badass pour une femme de son époque !

C’est un univers qui pour le moment a tout pour plaire, il me tarde d’avoir la suite ! L’avantage d’un auteur français, c’est qu’on aura pas besoin d’attendre la traduction ! 

Si je devais classer ces quatre livres, je vous avoue que j’aurais une petite hésitation pour la deuxième place, car si la première et la dernière sont toutes trouvées, les deux autres ont l’un comme l’autre des défauts et des qualités.

Malgré tout, quand faut y aller…

Première place : Semblables

Deuxième place : Grace and Fury

Troisième place : Au service de Sa Majesté la Mort

Quatrième place : Destiny

Je tiens quand même à repréciser que la deuxième et la troisième place se confondent… peut-être aurais-je dû faire un double podium ?

En bref, je vous dirais qu’en littérature, s’aventurer en terre inconnue est bien, mais revenir aux sources, c’est encore plus que bien ! 

(Article initialement écrit le 28 décembre 2018 et transféré ici)

Le prieuré de l’Oranger, de Samantha Shannon

Le Prieuré de l’Oranger, c’est un roman qui a fait un sacré boucan dans la sphère fantasy à sa sortie, et plutôt en bien. C’est un bon gros pavé d’environ 900 pages, ce qui n’est pas rien, qui a carrément été comparé à Game of Thrones et qui a bénéficié d’une énorme campagne de pub. Est-ce que c’est un titre qui a été sur-vendu ? Oui, clairement. Est-ce qu’il est nul pour autant ? Non, pas du tout !

Synopsis :

La maison Berethnet règne sur l’Inys depuis près de mille ans. La reine Sabran IX qui rechigne à se marier doit absolument donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des assassins se rapprochent d’elle…
Ead Duryan est une marginale à la cour. Servante de la reine en apparence, elle appartient à une société secrète de mages. Sa mission est de protéger Sabran à tout prix, même si l’usage d’une magie interdite s’impose pour cela.
De l’autre côté de l’Abysse, Tané s’est entraînée toute sa vie pour devenir une dragonnière et chevaucher les plus impressionnantes créatures que le monde ait connues. Elle va cependant devoir faire un choix qui pourrait bouleverser son existence.
Pendant que l’Est et l’Ouest continuent de se diviser un peu plus chaque jour, les sombres forces du chaos s’éveillent d’un long sommeil… Bientôt, l’humanité devra s’unir si elle veut survivre à la plus grande des menaces.

Mon avis :

Si l’œuvre est loin d’égaler celles auxquelles elle a été comparée (il faut bien vendre j’imagine), elle est loin d’être mauvaise pour autant.

Pour commencer, il faut bien avouer que l’histoire se déroule dans un univers fantasy tout ce qu’il y a de plus classique, avec des dragons, des pays aux mœurs et interprétations de la religion différentes, des complots, trahisons à gogo… et qui plus est elle peine à se mettre en place. Il faut dire que c’est un monde vaste et un brin compliqué, et les 200 premières pages servent à nous présenter à la fois les (nombreux) personnages et leurs sphères d’évolution respectives. On manque un peu d’action au début et on a du mal à entrer dans l’histoire.

Cependant, par la suite, ça devient plus intéressant, et même s’il n’y aura pas de grande surprise pour les amateurs de fantasy classique, on tourne les pages plus vite, on suit les personnages avec plus de plaisir et on arrive sans s’en rendre compte à la fin.

Ce qui est dommage, c’est que certains personnages sont des archétypes de Young Adult plus que de fantasy, et qu’ils manquent de maturité bien qu’ils soient censés être adultes avec des responsabilités. On a l’impression que la fin douce-amère de l’auteure est là pour nous donner l’impression d’être dans un roman plus mature, mais ça ne suffit pas.

Malgré tout, j’ai bien aimé la manière dont les différences de religion ont été traitées. La religion est, généralement, un aspect mineur des romans de fantasy, qui régit la vie des gens mais qui n’empêche pas les héros de mener à bien leur quête. Par contre, ici, elle est centrale, et la prise de conscience des différences, la manière dont on peut arriver à manipuler tout un peuple est excellente. Je suis surprise d’avoir été passionnée par la Vertu, parce que je ne suis pas du tout une grande amatrice de foi, que ce soit dans mes lectures ou dans ma vie. Mais les parallèles possibles avec nos religions rendent la chose vraiment intéressante.

Même si ma critique semble négative, ce n’est pas l’impression que je veux donner : je tiens juste à avertir les potentiels lecteurs qu’ils se dirigent vers un bon roman, mais un roman classique. Ce n’est pas ici que vous trouverez un univers original, même si on ne croise pas tant de reinaumes ou de romances LGBT en fantasy, c’est très mineur par rapport au reste de l’œuvre. C’est super sympa à suivre, mais ça ne restera pas dans les annales. Une chouette histoire, mais malheureusement sur-vendue et du coup elle en souffre au lieu d’être appréciée pour ce qu’elle est.

Fort heureusement, l’auteure a une écriture qui sait happer le lecteur et qui permet de rendre ce bon gros pavé attrayant. Malgré son manque de fraîcheur, il reste agréable à lire et je me surprends encore à penser à certains passages quelques semaines après ma lecture. Il vaut quand même le coup.

(Article initialement écrit le 27 mai 2020 et transféré ici)

Cursed : comparatif livre et série Netflix

Bon, je vous avoue que, de base, je n’étais pas très neutre en ce qui concerne la série, à cause du choix de Katherine Langford en actrice principale que je n’aime pas du tout (à mes yeux elle fait partie de cette longue lignée d’actrices pokerface à la mode qui ne savent pas exprimer d’émotions). De plus quand on m’annonce une série « féministe » j’ai tendance à grimacer car ça pue les clichés de femme pseudo-forte, mais en plus une série féministe écrite par un homme ça promet de grosses barres.

Malgré tout, j’aime beaucoup la légende arthurienne et j’ai déjà apprécié plusieurs adaptations qui s’éloignaient de l’œuvre originale, alors pourquoi pas laisser sa chance à celle-ci ?

On commence donc par la série, attention spoilers :

Dans cette version de la légende, Arthur est loin d’être le premier à mettre la main sur l’épée de pouvoir, qui choisit Nimue, une jeune Faë aux pouvoirs puissants, à la poisse congénitale (non allons faut avouer quand même) et qui est à la base rejetée par son clan.

La série n’entre pas dans les détails sur la raison exacte de ce rejet, on sent un mélange de peur et de jalousie, peur en raison d’un événement qui lui est arrivé étant enfant, et jalousie car malgré cela, le lien de Nimue avec les forces Invisibles reste très fort.

Cliché oblige, pour obliger l’héroïne à accepter sa destinée, tous les siens se font massacrer par les méchants et elle est bien obligée de récupérer l’épée, un artefact puissant et tentateur.

D’un côté, j’ai envie d’entrer dans les détails, de l’autre, cette série n’est qu’une foutue succession de clichés. Nimue passe son temps à se faire sauver les fesses, parce que comme elle est fôôôôrte elle n’en fait qu’à sa tête et fonce dans les ennuis… et comme l’actrice n’exprime rien ça rend la chose encore plus insipide.

On devine très vite l’identité du Moine Larmoyant et d’Écureuil, on peut deviner absolument toute l’intrigue de A à Z, c’est juste consternant.

Je ne parle même pas des personnages comme Morgane supposée avoir été envoyée dans un couvent catholique strict très jeune mais qui on ne sait pas comment a un intérêt poussé pour les Faë et veut les protéger, sans parler de ses connaissances en remèdes Faë et compagnie… pardon ?

Sœur Iris pareil, on ne sait absolument rien d’elle, pourquoi c’est une petite psychopathe en puissance… on la voit juste escalader dans l’horreur pour obtenir ce qu’elle veut malgré son sexe et son âge. Pourquoi est-elle comme ça ? Oh ben on sait pas ta gueule c’est magique.

Alors je sais que les séries ne peuvent pas entrer autant dans les détails qu’un livre. Mais quitte à avoir un matériau de base, qui a tous les détails nécessaires, autant rendre la série cohérente et juste. Mais là non…

J’ai trouvé cette série absolument nulle. Bourrée de clichés jusqu’au bout. Et je ne vois toujours pas en quoi elle est « féministe ». Wouah y’a une fille en héroïne donc c’est féministe ? Au secours.

Parlons maintenant du livre :

Eh bien voilà, là on a un bon matériau !

J’ai lu le livre après m’être infligé la série, et dès les premières pages, on comprend mieux certains détails. Hop, les pièces du puzzle s’emboîtent et ce qui semblait totalement incohérent dans la série trouve son explication.

Il s’agit de détails tout simples pourtant, qui auraient très bien pu être portés à l’écran, et après avoir lu ce petit pavé j’ai l’impression que la série a été développé par un gars qui a tiré au sort les pages qui seraient adaptées et laissé les autres.

Les scénaristes ont passé à la trappe des détails extrêmement importants, notamment pour le développement de Morgane et d’Iris.

On comprend tout de suite pourquoi et comment Morgane a acquis ses connaissances sur les Faë, et pourquoi Iris est complètement tarée. Et il suffisait de quelques minutes à peine pour rendre la série plus cohérente…

Qui plus est, dans le livre on voit beaucoup plus le côté féministe : Nimue est beaucoup moins passive, beaucoup plus capable et surtout exprime tout un panel d’émotions que Katherine Langford a été incapable de lui apporter. Elle est nettement moins peureuse, on sent plus la dirigeante en elle que dans la série où on a toujours l’impression qu’elle veut se planquer dans un trou. La Nimue du livre est réellement forte, moins naïve malgré son enfance isolée, apprend vite et ne fait pas totalement n’importe quoi en espérant que ça passe juste pour dire « C’est moi que je prends les décisions, moi foooorte ». Elle fait aussi des erreurs, évidemment, mais elle n’est pas perdue et essaie de les rattraper.

Et surtout elle ne se fait pas sauver les miches en permanence, elle n’en a pas besoin. Et elle n’est pas amoureuse transie d’Arthur, elle est attirée, mais l’histoire laisse penser que c’est plus une attirance due à la magie de l’épée qu’aux hormones.

J’ai bien aimé aussi le fait que le livre ne fasse pas d’Arthur un tocard complet juste pour mettre en valeur Nimue : lui aussi est fort à sa manière, prend ses propres décisions, et suit sa propre voie lorsqu’il est en désaccord. Morgane n’a toujours aucune estime pour lui mais au moins il n’est pas complètement à la ramasse.

La mise en avant de personnages féminins puissants est moins bourrine que dans la série. On a pas des personnages qui se mettent en valeur au détriment des autres, il y a un certain équilibre.

C’est une réelle alternative au mythe arthurien, ou plutôt une sorte de préquel. L’histoire est posée et cohérente, les personnages ont un passé et une évolution et qui plus est on a un ancrage dans le monde réel. Ce n’est pas la meilleure adaptation qu’il m’ait été donné de lire mais elle reste agréable.

Qui plus est, on a en bonus les illustrations de Frank Miller, qui ne sont pas du tout mon style mais qui apportent un petit plus à l’ouvrage.

Si je devais lui trouver un point négatif, et pas des moindres, c’est que le livre, comme la série, suit une trame narrative assez prévisible, surtout lorsqu’on connaît le mythe arthurien de base. Cependant, prévisible ne veut pas dire inintéressant.

Bref, vous l’aurez compris, la série n’a pas du tout trouvé grâce à mes yeux, elle est portée par le jeu d’acteur des personnages secondaires, il y a eu trop de coupures par rapport au livre original pour la rendre cohérente. Et en plus je n’aime pas Langford ! 

Le livre, par contre, propose une alternative très correcte et sympathique au mythe arthurien et est bien plus intéressant à dévorer que la série.

Si vous voulez découvrir Cursed, jetez vous sur le livre et oubliez qu’une série a été produite !

(Article écrit initialement le 25 août 2020 et transféré ici)

Dance of Thieves, de Mary E. Pearson

Alors celui-ci… c’est un peu un achat d’impulsion suite à une publicité Facebook qui avait une ribambelle de commentaires positifs. J’ai trouvé la couverture magnifique, j’ai été faible, voilà. Suis-je déçue ? Non, pas du tout ! Cependant au vu du synopsis je ne m’attendais pas à une romance, du coup je suis mi-figue mi-raisin.

Synopsis :

Ancienne gamine des rues, Kazi a été prise sous l’aile de la reine de Venda. Devenue Rahtan, soldat d’élite de la couronne, la voici en mission dans la province d’Hell Mouth, à Tor’s Watch, afin d’appréhender l’assassin du frère de sa protectrice.

Faite prisonnière par une bande de trafiquants d’esclaves, Kazi se retrouve enchaînée à Jase Ballenger, héritier des Ballenger, une très ancienne lignée de hors la loi qui revendique le pouvoir sur la région contre l’autorité de la reine. Parvenus à s’enfuir en plein désert, les deux aventuriers vont pourtant devoir unir leurs forces et apprendre à se connaître en dépit de leurs secrets, à s’apprécier malgré leurs objectifs qui les opposent.

De retour en ville, cependant, leurs allégeances respectives se rappellent à eux et chacun doit reprendre son rôle. Commence alors un jeu d’intrigues, de duperies et de trahisons qui, finalement, ne fera que les rapprocher. Au risque de tout perdre…

Mon avis :

A savoir avant tout : ce livre est un spin-off d’une trilogie qui n’a pas été traduite en français, The Remnant Chronicles. Et il spoile bien salement certains aspects de la trilogie en question.

Autant attaquer dès le début : Kazi et ses amies Rahtan sont très archétypales. On a la pétasse, la mutique flippante avec ses armes, et l’écorchée de la vie qui ne fait confiance à personne et qui a ses phobies qu’elle tente de maîtriser. C’est l’aspect dommage du récit. Enfin un des deux aspects.

L’histoire est bien ficelée et maîtrisée, et même si les héroïnes puent le cliché à des kilomètres, elles parviennent à porter le récit sans qu’on s’ennuie une seconde.

Par contre, si le duo Kazi-Jase était prometteur, la romance est beaucoup trop rapide et surtout ne repose sur rien : on a l’impression de sombrer dans le Harlequin avec une attirance presque immédiate et un désir puissant qui ne se justifie pas. Je n’ai rien contre les âmes-sœurs, mais là c’est creux. C’est vraiment quelque chose que je déteste dans les romans Young Adult. Une romance peut très bien être développée et intéressante, mais les auteurs choisissent la facilité avec des histoires d’amour immédiatement profondes alors que les personnages se connaissent à peine.

Le fait que Kazi et Jase gardent leurs loyautés respectives malgré leur attirance n’atténue pas la fadeur de leur relation, mais la rend déjà moins clichée. L’auteur n’a pas tant sombré dans la facilité que ça. Fort heureusement, la famille de Jase et le développement de l’enquête permet de faire oublier l’insipide histoire d’amour centrale. On a de l’action, des enjeux, de l’exploration qui eux sont passionnants, vraiment intéressants. Nos personnages principaux ne larguent pas tout pour vivre leur histoire, mais protègent leur héritage avant tout, cherchent à démêler le(s) complot(s), avancent et ne regardent que peu en arrière.

J’ai vraiment aimé les Ballenger et la manière dont ils tirent leur épingle du jeu avec tous les royaumes autour d’eux, protègent leur peuple, tout en ayant leurs défauts. Ils ne sont ni tout noirs ni tout blancs, ils sont le fruit de leur histoire douloureuse et violente. Ils sont ingénieux et ne se laissent pas faire même en position de faiblesse. C’est une famille nombreuse, mais qui a ses raisons de l’être (oui leur nombre n’est pas anodin) et dans laquelle chacun a sa place.

Dance of Thieves se classe dans la catégorie fantasy, mais en toute honnêteté vu la place qu’occupe l’amour dans l’intrigue, il pourrait aussi se classer en romance. C’est un peu dommage avec une intrigue aussi intéressante, on aurait pu se passer des émois amoureux !

(Article écrit initialement le 3 juin 2020 et transféré ici)

Le faiseur de rêves, de Laini Taylor

Alors ce roman là, je l’avoue, à la base je l’ai choisi parce que j’en entendais parler de partout dans la sphère littérature fantasy, et que j’en avais reçu un nombre ahurissant de goodies dans ma box littéraire préférée. Au bout d’un moment, insister a fait son effet et je me suis procuré le premier tome. Et je vous avoue que je comprends beaucoup mieux l’engouement autour de cet univers, parce qu’il le mérite amplement !

Synopsis :

C’est le rêve qui choisit le rêveur, et non l’inverse…

Il est une ville, au centre du désert, où nul n’a le droit de se rendre sous peine de mort. De ses entrailles sortaient autrefois d’interminables caravanes chargées de trésors mais, depuis deux cents ans, la cité est coupée du reste du monde… Pire encore, un soir d’hiver, le nom de ce lieu de légende s’évanouit en un clin d’œil de la mémoire de tous – Lazlo Lestrange, orphelin de cinq ans à peine, ne fait pas exception à la règle. Frappé au cœur, le petit garçon restera irrémédiablement fasciné par cette énigme.

Quinze ans plus tard, il travaille dans la plus grande bibliothèque du monde, à Zosma, en rêvant de fabuleuses découvertes quand, de la Cité oubliée, émerge tout à coup une curieuse expédition venue recruter les meilleurs scientifiques du continent. Pourquoi diable s’obstiner à réunir ces esprits éminents ? Mystère… Et pourquoi Lazlo voit-il donc ses songes se peupler de visions étranges – à commencer par une déesse à la peau bleue pourtant assassinée, des années plus tôt, par les habitants de la ville interdite ? Qui est-elle vraiment ? Comment le jeune homme, qui ignore tout de sa légende, peut-il bien la voir en rêve ?

Mon avis :

En règle générale, quand un livre est aussi abondamment bien critiqué, je me retrouve à contre-courant, mais il faut bien tomber sur une exception de temps en temps ! Mon avis pourrait se résumer en une phrase : foncez acheter cette pépite !

J’ai été vraiment surprise de tomber sur une histoire vraiment bien amenée, avec une plume à la fois douce et addictive. Nous avons des personnages travaillés, malgré une histoire très centrée sur Lazlo et cette fameuse déesse à la peau bleue, Sarai, sur le développement de leur relation et ses conséquences.

L’univers créé par l’auteure est unique en son genre, bien que quelques aspects puissent être déjà-vus (c’est difficile de faire du 100% original dans un univers aussi étendu que la fantasy), la cosmogonie est originale, notre héros n’est pas un Gary Stu, loin de là, et surtout malgré la douceur de la plume, la fin est extrêmement brutale.

S’il y a quelques mentalités manichéennes chez certains personnages, on retrouve surtout des nuances de gris : il n’y a aucune action gratuite, il y a toujours une motivation sérieuse derrière, et surtout chaque action a ses conséquences, y compris plusieurs années plus tard. Il n’y a pas vraiment de méchants et de gentils, il y a surtout des êtres traumatisés, torturés par leur passé, des volontés de vengeance qui n’ont plus lieu d’être.

Lazlo est quelqu’un dans lequel se reconnaîtront tous les rats de bibliothèque avides de connaissances (Moi ? Je plaide coupable), avec une moralité droite et une gentillesse hors normes malgré toutes les crasses qu’il peut subir.

Sarai, elle, parlera à tous ceux qui grandissent loin de leurs racines, mais avec malgré tout leur influence sur leur vie. A tous ceux qui se demandent si, vraiment, on est le pur produit de nos parents ou si on a le droit d’être différent sans les trahir. A tous ceux qui voudraient la paix alors qu’ils ne peuvent l’obtenir à cause de la haine des autres.

Le faiseur de rêves, c’est aussi une ode à la tolérance et à la paix. Une volonté de faire comprendre que les enfants n’ont pas à payer pour les crimes de leurs parents, et ne sont pas forcément comme eux. Que l’on peut avoir une apparence très différente, une origine suspecte, mais être étonnamment proche des autres. Une histoire qui fait comprendre à quel point il est difficile de surmonter sa haine pour aller de l’avant ensemble. Une histoire magnifique.

(Article initialement écrit le 21 avril 2020 et transféré ici)

Shâra : Les Voiles d’Azara, de Charlotte Bousquet

Récemment, je vous avais déjà parlé du tome 1 de Shâra, qui avait été un gros coup de cœur de fantasy française. Shâra est un univers qui n’est pas seulement beau en couverture (le tome 2 a d’ailleurs réussi l’exploit de faire une couverture plus belle encore que celle du tome 1 : félicitations à Mélanie Delon si je ne me trompe pas) : c’est un monde empli de mysticisme, de poésie, de richesse.

Synopsis :

Malik est aux abois. La magie des kenzi ne suffit plus à nourrir son corps ravagé. Pour protéger la caravane de sa folie, Aya Sin n’a d’autre choix que d’accepter son héritage. Prête à tout pour retrouver Riwan, Djiane guide la troupe vers le nord – peu importent les morts et les larmes. En pleine tempête de sable, Tiyyi retrouve Arkhane, gravement blessée, et ses compagnons.
Pendant ce temps, l’Asag s’étend lentement, corrompant les terres. A sa source, Kerfou, le dieu dément que nul ne semble pouvoir arrêter…

Mon avis :

Avec ce tome, sorti un peu plus de deux ans après le premier, la plume de Charlotte Bousquet n’a pas perdu sa qualité. Le premier tome m’avait vraiment surprise par la profondeur de ses personnages et le travail de toutes ses intrigues, sans en privilégier aucune.

On sent bien que le temps presse : Malik se fait de plus en plus impatient et nos héroïnes se rejoignent enfin, connaissant leur rôle et leur destin. Ce dit destin a beau les avoir extrêmement éprouvées, elles ont beau avoir traversé des épreuves tout aussi atroces les unes que les autres, elles le prennent en main et l’assument. Ces quatre femmes, ces quatre héroïnes sont fortes, fières, puissantes. Les déesses qui les ont marquées n’ont pas agi par hasard.

Cependant, le danger ne vient pas de celui que l’on croit. Le puissant Malik, tant redouté d’Aya Sin qui essaie tant bien que mal de protéger la caravane de ses appétits, ne serait-il finalement que le pantin de quelqu’un de bien plus puissant et dangereux ? Et nos héroïnes ne seraient-elles que des pions sur l’échiquier des dieux ?

J’ai beaucoup aimé l’idée que plusieurs dieux et déesses tirent les ficelles derrière nos héroïnes, leur destinée et les prophéties qui les concernent. Que les dieux aient besoin des mortels tout comme les mortels ont besoin d’eux.

Pendant un instant, j’ai été un peu déçue qu’il n’y ait pas de combat épique contre Malik/Kerfou, comme dans beaucoup de romans de fantasy lorsqu’advient le moment de défaire l’antagoniste. Ici, le chemin était déjà tracé, tout était déjà prévu, il ne manquait que les protagonistes. Cela peut paraître fade en littérature, lorsque pendant deux tomes on vous prépare au combat final et que somme toute c’est un pétard mouillé. Cependant, ce n’est pas non plus incohérent : Aya Sin était préparée à cela depuis longtemps, il est logique qu’elle ait pu prévoir tous les cas de figure et qu’elle n’ait eu qu’à mettre les élues sur le bon chemin. C’est d’ailleurs bien plus logique que des héros qui se préparent pendant des années pour improviser à la fin.

Parfois, lorsqu’on est bien préparé, il n’y a pas de surprise de dernière minute.

J’exagère un peu car Les Voiles d’Azara présente quand même quelques rebondissements, mais rien qui ne peut entraver la marche du destin. Qui plus est, le roman ne se termine pas avec ce combat final : nos héroïnes avaient chacune une quête personnelle à accomplir, et ensemble, elles avaient d’autres combats à mener.

Si je devais comparer les deux tomes, je dirais que Les Voiles d’Azara est plus précipité que le premier. Les Masques d’Azr’Khila prenait le temps de poser les bases, de présenter ses héroïnes, de leur faire prendre la route pour se retrouver, et de nous décrire cet univers de toute beauté ; cependant, j’ai trouvé la suite trop rapide, comme s’il fallait se dépêcher de tout condenser en un dernier tome.

La plume de Charlotte Bousquet est malgré tout toujours aussi captivante : elle parvient à nous décrire toute la complexité de son monde, de son panthéon, des divers peuples qui se côtoient en Shâra. Même si l’action est précipitée, à un aucun moment le lecteur ne peut être perdu tant l’écriture est fluide et précise. On a beau suivre des personnages très mystiques, dont les pouvoirs se confondent entre rêve et réalité, il est facile de les comprendre.

Mon coup de cœur pour le personnage de Djiane se confirme : elle n’est pas seulement forte, elle a été capable de retrouver la lumière après avoir si profondément sombré dans les ténèbres : elle a pu faire la paix avec elle-même, repousser sa haine et sa culpabilité, accepter ses faiblesses. Elle évolue énormément dans ce deuxième tome !

J’en profite d’ailleurs pour dire que cette critique est ma toute première revue de presse, et pour cela je remercie énormément les éditions Mnémos de m’avoir contactée et fait confiance ! Je suis contente de cette découverte, et même si j’aurais sûrement acheté le tome 2 de moi-même un jour ou l’autre (le tome 1 a été un vrai coup de foudre) c’était un plaisir de le recevoir ainsi ! 

(Article initialement écrit le 2 novembre 2020 et transféré ici)