Cette année, je m’étais dit que je me forcerais un peu à élargir mes horizons littéraires. Car oui, j’ai beau aimer les romans historiques et le fantastique, les autres genres ont eux aussi beaucoup à offrir.
Le fait est que je n’arrive pas à m’empêcher de revenir vers le fantastique et le Young Adult, et donc c’est avec les quatre romans suivants que je termine l’année sur ce blog !
1. Grace and Fury de Tracy Banghart
Résumé :
Toute sa vie, Serina a été formée pour devenir Grâce : une femme choisie pour son élégance, sa beauté, et pour se tenir aux côtés du roi. Cette année, c’est le prince héritier, Malachi, qui va choisir sa compagne. Serina se rend donc dans la capitale de Viridia accompagnée par sa sœur, Nomi, qui deviendra sa servante. La première y voit l’opportunité de sauver sa famille de la pauvreté ; la seconde n’y reconnaît qu’un exemple de plus de l’oppression des femmes.
Contre toute attente, c’est Nomi qui est choisie pour devenir Grâce. Mais elle cache aussi un lourd secret : elle sait lire, une activité interdite aux femmes de ce pays. Lorsque les deux sœurs sont surprises en possession d’un ouvrage que Nomi a volé dans la bibliothèque royale, Serina se dénonce aussitôt comme coupable. Elle est alors envoyée sur le mont aux Ruines : une île devenue prison pour femmes.
Si elle veut survivre, Serina devra s’endurcir. De son côté, Nomi la rebelle devra faire semblant de se soumettre aux règles du palais afin de gagner l’influence nécessaire pour délivrer sa sœur.
C’est un livre, caché dans les affaires de Nomi, qui lui fait entrevoir la vérité. Et si Viridia avait autrefois été dirigée par des femmes ? Si la personne qui lui avait laissé le livre était un allié ?
Alors à première vue, c’est un grand classique avec deux héroïnes aux rôles inversés, qui se retrouvent à vivre des aventures qui auraient mieux convenu à l’autre. Mais bon, on ne fait pas évoluer quelqu’un en le laissant dans son élément.
Grace and Fury est une de ces nombreuses dystopies qui nous font entrevoir un monde très sombre pour les femmes. J’avoue cependant que dans ce monde-là, c’est quand même pire que sombre. Les femmes n’ont aucun droit, pas même celui de lire. Elles sont juste là pour faire des enfants.
Il est difficile, au début, de s’attacher à Serina qui n’est que le pur produit de son monde, une jeune femme docile et soumise, qui s’est persuadée que son destin de jolie petite chose que l’on expose et qui pond des gosses est son rêve. Cependant, ses malheurs vont la faire évoluer au point de la rendre bien plus intéressante que sa rebelle de sœur Nomi qui se révèle bien naïve et peu dégourdie.
L’auteur a su écrire une histoire qui bien que classique, avec des retournements de situation attendus, arrive à captiver et on tourne les pages sans s’en rendre compte. C’est fluide, c’est bien écrit et c’est malgré tout intéressant. Ce n’est pas LE roman de l’année mais c’est loin d’être le pire.
Semblables, de Julie Jodts
Résumé :
À toi, l’aîné,
Guerrier, courageux et vaillant
Fier protecteur de la cité
Et de ses enfants
Que les Dieux
Soient miséricordieux
Et t’accordent la paix
Celle que tu ne trouveras sans doute jamais
À toi, le cadet,
À l’amour pur et sincère
Seul à pouvoir enfanter
Tu deviendras père ou mère
Que les Dieux
Soient miséricordieux
Et t’accordent la fertilité
Car sans elle, tu es condamné
À toi, le benjamin,
Dévoué et polyvalent
Savant, artisan, ou médecin
Ta famille sera la cité dorénavant
Que les Dieux
Soient miséricordieux
Et t’accordent la compassion
Puisses-tu exercer le métier choisi avec passion
Que les Dieux protègent et guident,
Tous ces enfants au destin scellé
Car entre leurs mains frêles et timides
Se joue l’avenir du monde entier.
J’annonce la couleur d’entrée de jeu, en Young Adult, c’est mon coup de cœur de l’année.
Vous n’avez pas forcément tout compris au résumé, c’est en réalité la manière dont fonctionne le monde de Semblables. Le destin des enfants est tracé dès leur naissance : l’aîné devient soldat, le second fondera une famille, et le ou les suivants seront au service de la cité. Qu’il s’agisse de filles ou de garçons. C’est comme ça, et pas autrement, on ne transgresse pas les règles.
Pourtant, c’est ce que va faire notre héroïne, à la mort de sa sœur aînée et jumelle, qui était soldat. Au lieu de fonder une famille comme elle le devrait, elle décide de se faire passer pour sa sœur afin d’éviter à sa cadette, encore très jeune, d’aller au front. Une sorte de Mulan, qui va fournir une force de caractère qu’on n’oserait pas soupçonner pour une jeune femme qui n’a jamais eu à s’entraîner de sa vie et qui n’a jamais songé à remettre en question les règles de la cité.
Petit à petit, on en apprend sur le monde dans lequel évolue l’héroïne, Mia, qui se fait passer pour sa sœur jumelle Léna. Les informations sont distillées au compte-goutte mais nous tiennent en haleine, jusqu’au twist final qui nous arrive en pleine tronche avec la subtilité d’un parpaing et nous laisse pantois. On va devoir attendre si longtemps pour avoir la suite ? Apparemment oui. Et vous savez quoi ? Eh bien cocorico ! Ce petit bijou a été écrit par une française ! Nous aussi nous sommes capables d’écrire des bijoux de littérature fantasy !
Destiny de Cecelia Ahern
Résumé :
Parfois, il faut choisir l’imperfection pour être Parfait.
Dans le monde de Celestine North, chaque citoyen doit être Parfait. Quiconque commet la moindre erreur se voit marqué du sceau de l’Imperfection.
Pour qui a pris une mauvaise décision : c’est sur la tempe.
Pour qui a menti : la langue.
Pour qui a commis un vol : la paume de la main droite.
Pour qui s’est montré déloyal : le cœur.
Pour qui s’est écarté du droit chemin : la plante du pied droit.
Celestine mène une vie parfaite au sein d’une famille parfaite et au bras du petit ami parfait. Elle pense incarner l’idéal de la société.
Et si Celestine s’était trompée ? Si c’était le système lui-même qui était Imparfait ?
Alors Destiny, c’est un des romans dont j’attendais le plus, qui me tentait vraiment… et qui est retombé comme un soufflé au fil des pages.
Pourtant, l’idée de base était bonne, mais l’héroïne… n’a, je trouve, aucune crédibilité. On parle d’une personne qui toute sa vie a vécu dans le giron du système et qui s’y complaisait, ne remettant rien en question… et qui d’un coup réalise qu’elle se trompe et devient une thug juste parce que quelqu’un qu’elle connaissait a été victime de ce système.
Dans la vraie vie, le processus de remise en question est beaucoup plus long, du moins quand il survient. La plupart du temps, les gens comme Celestine, bien à l’aise dans le système, se fichent complètement de ce qui peut bien arriver : si une de leurs connaissances se fait prendre, c’est qu’elle l’a cherché. Et même si au fond d’eux, ils pensent que c’est injuste, ils se gardent bien de le dire afin de conserver leurs privilèges.
Mais NON, ils ne remettent pas tout le système en question en quelques heures. Déjà ça, c’est difficile à avaler, mais en plus, je trouve que Celestine manque vraiment de jugeote et de personnalité, encore plus pour une fille qui nous est présentée comme intelligente et rationnelle. Et je ne parle même pas de certains personnages secondaires qui m’ont fait facepalm tant ils étaient peu crédibles…
Bref, pour moi Destiny a été une grosse déception. Un roman aura beau avoir un univers intéressant, si les personnages ne savent pas se démarquer, il sera mauvais.
Au service de Sa Majesté la Mort, de Julien Hervieux
Résumé :
Londres, 1887. Prise dans le carcan de la société victorienne, Elizabeth, jeune journaliste indépendante, n’a d’autre choix pour exercer son métier que de passer un accord avec un journaliste qui lui sert de nom de plume. Un accord funeste : quand ce dernier est assassiné sous ses yeux, Elizabeth, devenue gênante, est sommairement abattue…
… pour se réveiller dans sa propre tombe.
Commence alors pour elle une toute nouvelle « existence ». Sous la surveillance d’un étrange chaperon, Elizabeth rejoint, à son corps défendant, les rangs des Revenants, des morts-vivants chargés de traquer ceux qui tentent de repousser la venue de leur dernière heure.
Elle œuvre désormais pour le compte de Sa Majesté la Mort elle-même, une activité bien loin du repos éternel…
(Cocorico, encore un roman français !)
Le résumé de ce roman m’avait bien emballée et j’avoue qu’il a été plutôt agréable à lire, même si je m’interroge encore sur certains aspects après une deuxième lecture.
En effet, on nous dit que les Revenants doivent faire preuve de discrétion, ce qui est logique, mais… Elizabeth est affectée dans sa propre ville. Où le risque de la reconnaître est très élevé, donc. Si les Revenants doivent être si discrets, pourquoi ne pas l’affecter ailleurs en Grande-Bretagne…? Être affecté dans sa propre ville a ses avantages mais aussi de gros inconvénients, du coup… Je vous avoue que j’ai été un peu étonnée par ce détail.
Cependant, en dehors de ça, le roman est vraiment très bon. L’histoire est prenante, l’idée intéressante et l’auteur arrive à développer son personnage principal comme ses personnages secondaires, tout en enrichissant son monde alternatif de tout plein de petits détails qui ont leur importance. Et puis Elizabeth est badass pour une femme de son époque !
C’est un univers qui pour le moment a tout pour plaire, il me tarde d’avoir la suite ! L’avantage d’un auteur français, c’est qu’on aura pas besoin d’attendre la traduction !
Si je devais classer ces quatre livres, je vous avoue que j’aurais une petite hésitation pour la deuxième place, car si la première et la dernière sont toutes trouvées, les deux autres ont l’un comme l’autre des défauts et des qualités.
Malgré tout, quand faut y aller…
Première place : Semblables
Deuxième place : Grace and Fury
Troisième place : Au service de Sa Majesté la Mort
Quatrième place : Destiny
Je tiens quand même à repréciser que la deuxième et la troisième place se confondent… peut-être aurais-je dû faire un double podium ?
En bref, je vous dirais qu’en littérature, s’aventurer en terre inconnue est bien, mais revenir aux sources, c’est encore plus que bien !
(Article initialement écrit le 28 décembre 2018 et transféré ici)