Shâra : Les Voiles d’Azara, de Charlotte Bousquet

Récemment, je vous avais déjà parlé du tome 1 de Shâra, qui avait été un gros coup de cœur de fantasy française. Shâra est un univers qui n’est pas seulement beau en couverture (le tome 2 a d’ailleurs réussi l’exploit de faire une couverture plus belle encore que celle du tome 1 : félicitations à Mélanie Delon si je ne me trompe pas) : c’est un monde empli de mysticisme, de poésie, de richesse.

Synopsis :

Malik est aux abois. La magie des kenzi ne suffit plus à nourrir son corps ravagé. Pour protéger la caravane de sa folie, Aya Sin n’a d’autre choix que d’accepter son héritage. Prête à tout pour retrouver Riwan, Djiane guide la troupe vers le nord – peu importent les morts et les larmes. En pleine tempête de sable, Tiyyi retrouve Arkhane, gravement blessée, et ses compagnons.
Pendant ce temps, l’Asag s’étend lentement, corrompant les terres. A sa source, Kerfou, le dieu dément que nul ne semble pouvoir arrêter…

Mon avis :

Avec ce tome, sorti un peu plus de deux ans après le premier, la plume de Charlotte Bousquet n’a pas perdu sa qualité. Le premier tome m’avait vraiment surprise par la profondeur de ses personnages et le travail de toutes ses intrigues, sans en privilégier aucune.

On sent bien que le temps presse : Malik se fait de plus en plus impatient et nos héroïnes se rejoignent enfin, connaissant leur rôle et leur destin. Ce dit destin a beau les avoir extrêmement éprouvées, elles ont beau avoir traversé des épreuves tout aussi atroces les unes que les autres, elles le prennent en main et l’assument. Ces quatre femmes, ces quatre héroïnes sont fortes, fières, puissantes. Les déesses qui les ont marquées n’ont pas agi par hasard.

Cependant, le danger ne vient pas de celui que l’on croit. Le puissant Malik, tant redouté d’Aya Sin qui essaie tant bien que mal de protéger la caravane de ses appétits, ne serait-il finalement que le pantin de quelqu’un de bien plus puissant et dangereux ? Et nos héroïnes ne seraient-elles que des pions sur l’échiquier des dieux ?

J’ai beaucoup aimé l’idée que plusieurs dieux et déesses tirent les ficelles derrière nos héroïnes, leur destinée et les prophéties qui les concernent. Que les dieux aient besoin des mortels tout comme les mortels ont besoin d’eux.

Pendant un instant, j’ai été un peu déçue qu’il n’y ait pas de combat épique contre Malik/Kerfou, comme dans beaucoup de romans de fantasy lorsqu’advient le moment de défaire l’antagoniste. Ici, le chemin était déjà tracé, tout était déjà prévu, il ne manquait que les protagonistes. Cela peut paraître fade en littérature, lorsque pendant deux tomes on vous prépare au combat final et que somme toute c’est un pétard mouillé. Cependant, ce n’est pas non plus incohérent : Aya Sin était préparée à cela depuis longtemps, il est logique qu’elle ait pu prévoir tous les cas de figure et qu’elle n’ait eu qu’à mettre les élues sur le bon chemin. C’est d’ailleurs bien plus logique que des héros qui se préparent pendant des années pour improviser à la fin.

Parfois, lorsqu’on est bien préparé, il n’y a pas de surprise de dernière minute.

J’exagère un peu car Les Voiles d’Azara présente quand même quelques rebondissements, mais rien qui ne peut entraver la marche du destin. Qui plus est, le roman ne se termine pas avec ce combat final : nos héroïnes avaient chacune une quête personnelle à accomplir, et ensemble, elles avaient d’autres combats à mener.

Si je devais comparer les deux tomes, je dirais que Les Voiles d’Azara est plus précipité que le premier. Les Masques d’Azr’Khila prenait le temps de poser les bases, de présenter ses héroïnes, de leur faire prendre la route pour se retrouver, et de nous décrire cet univers de toute beauté ; cependant, j’ai trouvé la suite trop rapide, comme s’il fallait se dépêcher de tout condenser en un dernier tome.

La plume de Charlotte Bousquet est malgré tout toujours aussi captivante : elle parvient à nous décrire toute la complexité de son monde, de son panthéon, des divers peuples qui se côtoient en Shâra. Même si l’action est précipitée, à un aucun moment le lecteur ne peut être perdu tant l’écriture est fluide et précise. On a beau suivre des personnages très mystiques, dont les pouvoirs se confondent entre rêve et réalité, il est facile de les comprendre.

Mon coup de cœur pour le personnage de Djiane se confirme : elle n’est pas seulement forte, elle a été capable de retrouver la lumière après avoir si profondément sombré dans les ténèbres : elle a pu faire la paix avec elle-même, repousser sa haine et sa culpabilité, accepter ses faiblesses. Elle évolue énormément dans ce deuxième tome !

J’en profite d’ailleurs pour dire que cette critique est ma toute première revue de presse, et pour cela je remercie énormément les éditions Mnémos de m’avoir contactée et fait confiance ! Je suis contente de cette découverte, et même si j’aurais sûrement acheté le tome 2 de moi-même un jour ou l’autre (le tome 1 a été un vrai coup de foudre) c’était un plaisir de le recevoir ainsi ! 

(Article initialement écrit le 2 novembre 2020 et transféré ici)

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