1915, le génocide des Arméniens, par Gérard Chaliand et Yves Ternon

J’ai reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique Babelio, et comme vous pouvez le voir, il m’a fait sortir de mes habitudes en termes de lecture. J’ai beau aimer l’Histoire, je ne lis que rarement d’ouvrages historiques.

Résumé

Reconnu après une longue lutte de procédure par la sous-commission des Droits de l’homme des Nations unies en 1986 et par le Conseil de l’Europe l’année suivante, le génocide des Arméniens (1915) est toujours nié par l’Etat turc. Cet ouvrage éclaire et met en perspective la déportation et les massacres en masse des populations arméniennes d’Anatolie exécutées durant la Première Guerre mondiale par le gouvernement jeune turc. Le cheminement qui a ramené l’attention sur ce génocide et sa reconnaissance par diverses instances internationales est également décrit et analysé. Enfin, Gérard Chaliand et Yves Témoin, en marge de leurs contributions respectives, ont rassemblé un choix de documents et d’archives allemandes, américaines et britanniques qui établissent les faits et décrivent l’assassinat d’une nation.

Mon avis

De temps en temps, sur Twitter, on voit apparaître dans les tendances le génocide arménien que la communauté arménienne essaie de remettre sur le devant de la scène. C’est un génocide qu’à l’heure actuelle, le gouvernement turc nie toujours. Même si aujourd’hui, ce sont les descendants des victimes et des bourreaux qui s’expriment, on sent une certaine tension dans l’application que met la communauté turque à contrer la communauté arménienne dès qu’elle tente de parler du sujet. C’est encore sensible.

Côté caution sérieux de l’ouvrage, on a Gérard Chaliand, qui est un géostratège d’origine arménienne (nous n’avons donc pas affaire à un livre négationniste) qui a passé la majeure partie de sa carrière sur le terrain pour appréhender les conflits de l’intérieur. Yves Ternon, lui, est un docteur en histoire français, qui s’est particulièrement penché sur la question des crimes contre l’humanité. Deux personnes montrant patte blanche concernant la documentation historique du livre.

C’est un petit livre de 250 pages environ, mais très bien documenté et sourcé. Il ne relate pas des hypothèses mais des faits. Il permet également de se rendre compte du cheminement de pensée des Etats qui ont amené à la reconnaissance -ou non- du génocide arménien.

Le contexte géopolitique ajouté à l’horreur du crime sur un peuple entier fait que cet ouvrage fait froid dans le dos. C’est encore récent et je trouve des similitudes avec l’application de nos gouvernements « civilisés » à minimiser ce qui arrive en Ukraine pour continuer à commercer avec la Russie malgré les exactions commises.

1915, c’est encore récent, et pourtant, ça arrive à nouveau. L’humanité n’apprend pas de ses erreurs.

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