Mother Code, de Carole Stivers

Mother Code m’avait fait de l’oeil à sa sortie, pour ses thématiques abordées, plus que d’actualité : l’échec d’une guerre bactériologique lancée par les Etats-Unis, qui a relâché sur la planète une maladie hautement contagieuse et mortelle. L’humanité est, à court terme, condamnée et le seul moyen de la sauver est de créer des bébés génétiquement modifiés pour résister à la maladie, élevés par des Mères robots, programmées pour les protéger à tout prix.

Synopsis :

2049. La race humaine est en péril. Les habitants de la Terre n’ont plus qu’un seul recours : placer des enfants génétiquement modifiés dans les cocons de robots géants. Après une période d’incubation, ils seront mis au monde et élevés par des machines. L’ultime espoir de préserver la société humaine réside dans ces robots dotés d’une intelligence artificielle qui rend chacun d’entre eux unique : le code-mère.

Kai est né dans le désert de l’Utah, avec pour seule compagnie son robot-mère, Rho-Z. Dotée des connaissances et des instincts d’une mère humaine, Rho-Z élève Kai et lui apprend à survivre. Mais à mesure que les enfants comme Kai grandissent, leurs mères se transforment également, d’une façon que nul n’avait envisagé. Quand les membres survivants du gouvernement ordonnent leur destruction, Kai doit faire un choix. Renoncera-t-il au lien qu’il partage avec Rho-Z ? Ou se battra-t-il pour sauver le seul parent qu’il ait jamais connu ?

Mon avis :

En toute honnêteté, je m’attendais à un récit plus perturbant que ça. En réalité, la majorité de l’histoire se concentre sur l’épidémie, ses causes et ses conséquences, et sur l’urgence dans laquelle se trouve l’équipe chargée de créer et relâcher les Mères et leurs bébés.

Nous parlons là d’une véritable épidémie mortelle : le Covid-19 ne mériterait même pas le statut de challenger par rapport à la NAN-CI. L’humanité est tout bonnement condamnée à très court terme et même l’équipe du projet de la dernière chance travaille d’arrache-pied en se sachant à l’article de la mort.

Les thématiques abordées ont au moins le mérite de faire réfléchir : le danger des guerres bactériologiques avec du matériel instable et génétiquement modifié, l’éthique des recherches médicales sur les embryons, l’intelligence artificielle et ses limites… des choix difficiles ont dû être faits par les scientifiques, et rapidement, tout étant une question de temps et ils n’en disposaient pas.

Cependant, si l’histoire s’attarde longuement sur les thèmes de l’éthique et de la biologie, celui de l’intelligence artificielle est, je trouve, moins mis en avant. On nous explique longuement la nature du Mother Code, certes, visant à intégrer dans une machine l’essence même des mères biologiques des enfants, mais le côté « prise de conscience » des Mères machines est rushé et sans explication vraiment rationnelle. Elles se mettent à agir étrangement puis d’un coup d’un seul, hop conscience de soi ! Sauf que non, ça ne se passe pas comme ça… Rho-Z nous explique que c’était progressif mais qu’elle ne s’en rendait pas compte, sauf que l’histoire nous montre qu’elle était à la merci de son programme informatique et qu’elle n’est en fait qu’une machine vulnérable au piratage. L’attachement éprouvé pour son enfant n’est que du code. En tous cas c’est comme cela que je le perçois : la programmatrice a justement fait un sorte de créer un code mère, et c’est donc pour ça que les robots se comportent comme des mères…

J’ai vu beaucoup de critiques qui encensent ce récit et la profondeur des sujets abordés, aussi ai-je l’impression d’être passée à côté de quelque chose : c’est un très bon livre, qui offre un terrain propice à la réflexion, oui, mais ce n’est pas non plus un chef d’œuvre de SF car la fin est trop rapide. Encore un de ces romans qui ont un potentiel magistral mais qui ont du mal à aller au bout des choses.

(Article initialement écrit le 11 janvier 2021 et transféré ici)

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